Cathy Becq encadre et conseille depuis plus de 30 ans des startups, des entrepreneurs et des petites entreprises, notamment dans le secteur de l'art, de la culture et de la création. Elle a été entrepreneur, directrice financière, consultante, et membre de conseils d'administration.
Son parcours très divers a nourri son approche originale. Elle applique des techniques issues de l'entrepreneuriat (Empathy Map, Value Proposition Design et Business Model Generation,...), du business, du coaching de vie.
Son approche est basée sur l'observation des tendances sectorielles des entreprises qu'elle accompagne, dans le but d'élargir leur vision des défis stratégiques. Elle aide toute entreprise qui souhaite repenser son sens, sa stratégie et son organisation, en lui apportant le soutien adéquat afin d'être mieux équipée pour construire un avenir solide et durable.
MAD a discuté avec Cathy Becq.
"Tout coach vous dirait que c’est en sortant de sa zone de confort que l’on se développe et qu’on développe sa personnalité et la singularité de sa vision."
Il semble que vous ayez un parcours aux multiples facettes, quelle est l’approche que vous adoptez au cours de vos coachings ?
Je suis avant tout généraliste, je m’intéresse à beaucoup de choses. Disons que dans ma vie professionnelle, j’ai eu trois piliers : les finances, les ressources humaines et la réflexion stratégique.
Cela me permet d’avoir une vision globale et holistique de ce qu’est une entreprise, de prendre du recul et de voir l’entreprise dans son ensemble et voir l’équilibre globale pour le porteur de projet et le dirigeant d’entreprise.
Dans mon approche, j’essaie tout d’abord de comprendre l’entrepreneur. Qui est la personne devant moi ? Quel est son parcours avec ses forces et ses faiblesses ? Puis de comprendre la motivation pour laquelle il a envie d’entreprendre. La mise en perspective du projet par rapport au contexte globale est aussi primordiale. Comment le projet résonne dans le monde actuelle ? La plupart des jeunes créatifs voient leurs projet de manière très étroite. J’essaie de leur apporter ce recul-là.
Vous avez fondé ‘Past To Future’, une agence de facilitation de la stratégie d'entreprise, que faites-vous exactement ?
C’est avec cette société que je fais mes activités de consultance, et de coaching. J’axe mes conseils sur le développement de la résilience des entreprises que j’accompagne, pour les aider à naviguer dans le monde complexe et incertain dans lequel nous vivons. Je les amène à s’interroger sur la raison d’être de l’entreprise. Il est important de remettre les bonnes fondations à la base du projet entrepreneurial, pour servir de guide à la réflexion stratégique et garder le cap face aux évolutions de leur environnement.
Vous parlez de prise de recul et compréhension de l’écosystème, quels sont les autres points à ne pas négliger lorsqu’on lance une entreprise ?
Je donne une intervention une fois par mois au MAD où je développe une quinzaine de points importants pour se lancer dans l’entreprenariat (Introduction session ‘How to start your business in fashion and design’).
Mais si on parle des principaux éléments, outre l’appréhension du monde extérieur, il faut placer le client au cœur des business modèle. Il faut comprendre qui il est et entrer en empathie avec lui, comprendre ses besoins, c’est essentiel. Il y a également la motivation et le mindset.
Et enfin l’équipe ! Il faut s’entourer des bonnes personnes qui vous complètent. Surtout lorsque l’on débute seul. Il faut avoir une équipe qui permette d’aborder la globalité des enjeux de l’entreprise.
"Les anthropologues disent « rendre le familier étranger et l’étranger familier ». En faite, il s’agit de s’interroger sur nos manières de vivre, de penser. Et c’est de ce questionnement que vient la créativité et la compréhension de l’autre."
Vous avez vécu à l’étranger (Australie, Jordanie), diriez-vous qu’il est indispensable de voyager, être ouvert à d’autres cultures, sortir de sa zone de confort pour mieux entreprendre ?
Tout coach vous dirait que c’est en sortant de sa zone de confort que l’on se développe et qu’on développe sa personnalité et la singularité de sa vision. Depuis toujours on sait que « les voyages forment la jeunesse », Montaigne en parlait déjà. C’est hyper important d’autant plus que l’on vit dans un monde global avec des cultures qui s’entrechoquent. Il faut savoir rentrer en empathie avec ces diverses cultures. On apprend plein de choses, la curiosité, la résilience, l’humilité, l’empathie,… ce sont des qualités très importantes pour tout leader et entrepreneur. Il faut évidemment voyager avec un esprit d’ouverture et d’interrogation.
Les anthropologues disent « rendre le familier étranger et l’étranger familier ». En faite, il s’agit de s’interroger sur nos manières de vivre, de penser. Et c’est de ce questionnement que vient la créativité et la compréhension de l’autre.
Vous avez été vous-même entrepreneur, comment voyez-vous l’entreprenariat de demain ?
Depuis que j’ai débuté dans l’entreprenariat les choses ont énormément évolué. Il y avait très peu de communication directe avec les clients, pas d’internet, ni de réseaux sociaux, ni la visibilité qu’offrent ces canaux. Les barrières à l’entreprenariat étaient beaucoup plus élevées.
Aujourd’hui il y a beaucoup moins de barrières pour entreprendre, on peut démarrer son entreprise en 24h. Mais en parallèle, le monde est beaucoup plus complexe qu’avant, il y a un trop de tout. Il faut savoir sortir du « bruit » qu’il y a constamment autour de nous.
Lorsqu’on ouvre un site e-commerce c’est très simple et super compliqué à la fois d’être visible.
La créativité est l’un des aspect essentiel que l’on doit cultiver actuellement. Pas seulement dans le produit ou le service que l’on propose mais surtout dans la réflexion du business modèle, et le développement stratégique.
Il faut trouver des moyens créatifs pour être plus visible que les autres, plus pertinent et apporter quelque chose de différent : c’est un enjeu majeur. Les sociétés sont très engluées dans des modes de fonctionnement traditionnels et il est plus que temps que l’on réfléchisse autrement.
Et puis, on en revient au client : il change constamment. Il faut pouvoir s’adapter, être agile pour rester relevant. Mais il faut aussi rester à la page en terme de technologie, continuer à se former. Et enfin l’entrepreneur de demain doit être à l’écoute des enjeux globaux auxquels notre humanité fait face, comme par exemple, l’environnement mais pas uniquement.