Entrez dans l'univers de Kenza Taleb Vandeput, résidente du MAD Incubator, et découvrez 'Kasbah Kosmic', rencontre entre la mode durable et émancipation culturelle. La marque de Kenza est fortement influencée par sa culture maghrébine et se caractérise par son intérêt pour les matériaux recyclés, les créations éclectiques et colorées.
MAD a discuté avec Kenza Taleb Vandeput de sa prochaine exposition 'Local Heroes' au MIMA, où sa vision kosmique de la boxe sera présentée pour la première fois.
Comment le projet a-t-il pris forme ?
"L'opportunité de travailler avec le MIMA sur cette exposition s'est présentée très vite au début de ma résidence au MAD. Je suis arrivée au MAD en septembre et peu de temps après, Dieter Van Den Storm (directeur créatif du MAD) m'a appelé pour m'annoncer que le MIMA allait réaliser une exposition sur la boxe. Edouard Valette, autre artiste et photographe, participant à l'exposition du MIMA, a suggéré d'inclure ma marque 'Kasbah Kosmic'. Valette avait vu certains de mes précédents dessins (de boxe) sur Instagram et a pensé que je serais un super match pour l'exposition à venir."
Quel est le lien entre ta vie personnelle et l'exposition 'Local Heroes' ?
"Adolescente, j'ai pratiqué la boxe de manière intensive pendant 5 ans. J'étais à l'époque sans doute la seule fille, il n'était pas très courant que les femmes fassent de la boxe. Heureusement, cela a changé. Je m'entraînais intensivement parce que mon rêve d'enfant était de devenir une boxeuse professionnelle. Malheureusement, je me suis blessée, ce qui m'a fait décrocher. Et pour être tout à fait honnête avec vous : je n'étais pas assez disciplinée pour poursuivre ma carrière de boxeuse à l'adolescence (rires). Mais en fin de compte, ça a beaucoup de sens pour moi de participer à ce projet car j'adore ce sport ! J'ai dit au MIMA: C'est pour moi, je sais de quoi je parle."
Où as-tu puisé ton inspiration pour cette collection et comment cela se traduit-il dans les créations ?
"J'ai fait beaucoup de recherches. Pour cette collection, je me suis surtout inspirée des boxeur·ses américain·es, car aux États-Unis, iels savent faire le show. J'ai aussi été très inspirée par les vêtements et les rituels des chamans. Les robes des chamans ressemblent aux capes de boxe portées par les boxeur·ses au début d'un combat. Pour moi, monter sur le ring pour un combat est un rituel à part entière."
"Cette exposition est une collaboration entre deux clubs de boxe bruxellois. Une performance en direct permettra de montrer les vêtements au public, et rencontrer les personnes qui s'entrainent dans ces clubs. Ces rencontres me permettent de comprendre comment iels voient la mode et comment iels s'expriment en boxant. J'ai été très inspirée par les filles du club de boxe qui portent des hijabs pour s'entraîner. J'ai donc pensé qu'il serait intéressant d'ajouter à la collection un modèle adapté aux hijabs. Les silhouettes de cette collection ont aussi été inspirées par le kachabia. Un vêtement traditionnel d'Afrique du Nord dont l'aspect est très reconnaissable, avec un chapeau pointu."
Comment cette collection s'inscrit-elle dans le cadre de ta marque Kasbah Kosmic et quel est le lien avec tes origines ?
"Il y a une tenue qui a été influencée par les vêtements berbères. Leurs vêtements traditionnels sont très colorés. Iels ont de longues capes, que je trouve très puissantes à porter. Beaucoup de leurs vêtements ne sont utilisés qu'une seule fois, comme une sorte de performance. Il en va de même pour les capes de boxe, c'est pourquoi c'est si inspirant et symbolique."
"Chaque silhouette est différente et upcyclée. J'ai utilisé beaucoup de vêtements de sport parce que j'ai toujours aimé les intégrer dans ma marque. L'utilisation d'Adidas et de Nike vintage a permis de créer des modèles uniques avec leur propre palette de couleurs."
Quel a été le plus grand défi dans la création de cette collection ?
"Cette collection muséale est vouée à être exposé mais le défi est de faire des oeuvres qui se portent. Non seulement les pièces doivent être 'fashionnable' mais aussi fonctionnelles. C'est une chose d'exposer des vêtements dans un musée, c'en est une autre de les voir réellement portés par des personnes lors de performance de boxe en direct."
"C'est pourquoi j'ai vraiment dû réfléchir au type de vêtements que j'allais utiliser : la possibilité de laver les tenues après la performance, le poids des vêtements. Je souhaite que ça soit à la fois impressionnant à porter et fonctionnel. J'ai essayé d'y parvenir en utilisant un tissu léger et des coutures lavables après usage, afin que les vêtements puissent être portés une deuxième fois."
Quelle a été la partie la plus excitante du processus de création et préparation de l'exposition jusqu'à présent ?
"Je suis fière de dire que je suis une vraie Bruxelloise qui a réussi à exposer au MIMA. C'est vraiment un grand pas pour moi. Revenir dans l'environnement de la boxe était nostalgique et voir comment tout, de l'art au sport, peut être connecté est vraiment très cool."
Quel message espérez-vous transmettre au public qui découvrira votre collection au MIMA ?
"Peut-être un peu de sensibilisation à la durabilité dans les vêtements de sport. Il s'agit également de montrer au public que le vêtement peut faire partie d'un rituel et, d'une certaine manière, vous faire sentir plus sûr de vous. J'aime laisser une certaine place à l'imagination du public, car il y a généralement beaucoup d'expériences individuelles liées à mes créations influencées par la culture."
"Local Heroes" est exposé à partir du 3 février 2023 au Musée MIMA de Bruxelles.
Plus d'informations sur www.mimamuseum.eu