Juliet Bonhomme, influenceuse sur les thèmes de l’upcycling et de la slow fashion, et fondatrice de The Upcycling Lab, un studio qui propose des ateliers et conseils en upcycling, visant à recycler les textiles oubliés, abimés ou invendus afin de leur offrir une nouvelle vie dans nos penderies. Elle développe des ateliers pour reconnecter les Bruxellois à leur savoir-faire et à leur créativité. Elle collabore également en tant que consultante avec des marques de mode sur des collections upcyclées basées sur leurs invendus.
MAD Brussels a discuté avec Juliet Bonhomme.
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre projet The Upcycling Lab?
"Je m’appelle Juliette Bonhomme, j’ai 27 ans et j’habite à Bruxelles. Je partage et sensibilise à la mode durable sur les réseaux sociaux, notamment Instagram. Après mes études en Relations Publiques à l’IHECS, j’ai intégré l’ASBL The Lemon Spoon qui accompagne les citoyen·nes et entreprises dans la transition écologique et sociale. Puis j’ai lancé the Upcyling Lab en 2021. C’est un projet de revalorisation de tissus : d’invendus, d’abimés ou d’oubliés à travers trois axes : les ateliers, la sensibilisation et la consultance. "
"Les ateliers s’adressent aux particuliers, au b2b, aux écoles, et à tout·es celles et ceux qui le souhaitent. L’idée est d’initier les gens à la couture, à la machine à coudre en leur apprenant divers techniques pour revaloriser les vieux tissus qui trainent chez eux. Il y a des ateliers avec différents thèmes, création de chouchous, totebag, vêtements, et niveaux. L’objectif est de donner aux participant·es les premiers gestes de couture. Faire comprendre à celleux-ci à quel point faire un vêtement prend du temps, en faisant et montrant les gestes me semble essentiel.
Ensuite, la deuxième phase du Lab est de sensibiliser, et générer une réflexion chez les personne que je rencontre. A travers les réseaux sociaux, le site web, on parle de l’impact de la mode sur notre planète mais aussi dans divers lieux comme des maisons de jeunes par exemple. Et bientôt un podcast me permettra de continuer à sensibiliser les gens."
"Enfin, l’axe consultance, est très important, il me permet d’aider les marques à revaloriser leurs stocks d’invendus, abimés ou oubliés en les aidant à trouver des idées correspondantes à leur ADN de marque. Nous réalisons les transformations nous-même dans leurs ateliers, ou passons par des ateliers d’insertion sociales et professionnelle en Belgique."
Comment t’es-tu orientée vers la slow fashion, l’upcycling? Quel a été le déclic?
"Il y a 5 ans j’ai pris conscience de l’impact de notre consommation sur la planète. Après avoir travaillé au sein d’une asbl bruxelloise qui sensibilise à la consommation durable, j’ai radicalement changé mes habitudes de consommation sur les plans de l’alimentation, des produits de beauté: moins de déchets, du bio, du local. Mais ce qui a été le plus difficile pour moi, c’est la mode. J’ai toujours été une fast fashion addicte, mais j’ai pris conscience du pouvoir d’action que l’on pouvait avoir, pour faire changer les mentalités. J’ai appris à composer ma garde-robe d’une autre manière : en achetant en seconde main, louant des tenues, empruntant à des copines, investissant dans des pièces de marques durables etc. Il y avait déjà plein de façon de suivre la mode sans pour autant polluer davantage la planète."
"Finalement l’upcycling s’est présenté à moi lors de la pandémie de Covid-19. Pendant le confinement, il n’était plus question d’acheter de nouvelles tenues de seconde main, les friperies étant fermées, et il fallait s’occuper ! J’ai commencé à utiliser la machine à coudre de ma mère et à transformer des rideaux, des draps, des vêtement que j’avais déjà à la maison. Avec l’upcycling je bouclais la boucle de la slow fashion en combinant ma passion pour la mode avec mon envie d’agir pour un monde plus juste et durable. J’ai commencé à poster mes créations sur les réseaux sociaux, des organisations m’ont contacté pour organiser des ateliers et faire des tutoriels et de fil en aiguilles The Upcycling Lab est né."
Peu à peu, il semble que l’industrie de la mode évolue, vers une mode plus durable, éthique : slow fashion. Un mot sur cette évolution? Qu’en penses-tu?
"C’est vrai, les consommateur·ices recherchent des valeurs fortes comme la transparence, ils ne veulent plus culpabiliser, ils veulent une mode plus durable. Je trouve super de voir de plus en plus de projets qui vont dans ce sens émerger ! C’est très important d’éduquer les gens à l’upcycling : se dire je ne mets plus cette robe car elle ne me plait plus ou n’est plus à ma taille alors pourquoi pas la transformer ? De cette façon, on vient se réapproprier le vêtement, c’est important et tout le monde peut le faire. Acquérir un pantalon trop grand dans une friperie et le faire re-sizer chez un·e couturièr·e ou transformer une chemise que l’on ne met plus mais dont on aime le tissu en chouchou ou totebag c’est de l’upcycling. Ça serait super que tout le monde s’y mette."
Y a-t-il des pièces plus ‘simples’ à upcycler ? Pourquoi ?
"En effet je pense que des pièces comme le jean ou les chemises en coton vont être plus simple à upcycler car le tissu est assez solide. Avec le jean on peut faire des bobs, des bananes, des pochettes et tellement de choses très chouettes. On peut les décliner à l’infini. Les matières plus synthétiques, en revanche, comme le polyester, les soies, sont plus compliqués à upcycler."
Quels conseils donnerais-tu pour consommer plus durablement?
"Le conseil dont je me rappelle tous les jours c’est que le vêtement le plus durable est celui qu’on a déjà ! Faire une pause dans notre consommation et faire le point sur ce que l’on a, réessayé nos vêtements, les réinventez, se les réapproprier en les upcyclant ou en imaginant de nouvelles combinaisons. Enfin, minimiser nos achats c’est la première chose ! Et puis faire une pause nous invite à réaliser que l’on a déjà beaucoup et cela nous permet d’identifier ce dont on a vraiment besoin."
Il faut se poser la question ‘En ai-je réellement besoin ?’ et si c’est le cas, favoriser les shops de seconde main, ou se tourner vers la location, emprunter à des proches et éviter de rentrer dans ce cycle de possession, il faut donner du sens à chaque achat. Si rien ne nous convient en seconde main, on peut se tourner vers des marques durable et éthique, et investir dans de belles pièces de qualités qui dureront dans le temps."