Quand l’architecture éphémère devient manifeste écologique : avec le projet constant, Stan Vrebos interroge l’espace et la temporalité de la construction. En misant sur des matériaux loués et des connecteurs recyclables, il explore les possibilités d’un design modulable, où chaque structure temporaire devient une expression durable, réconciliant esthétique et réemploi raisonné des ressources.
Diplômé de la KUL Faculty of Architecture à Bruxelles, Stan Vrebos est un architecte de formation et scénographe belge. Très tôt, il oriente sa pratique vers la scénographie événementielle et se fait remarquer à l’Habitat Festival de Leuven en 2019, où il assure la conception et la construction d'une des deux scènes principales, explorant déjà les potentialités de la modularité et des systèmes de location. De 2018 à 2023, il collabore étroitement avec le HORST Arts & Music Festival, où il se forge une solide expertise dans la production de scénographies architecturales et artistiques. Au sein de ce festival, il prend part à des projets variés, allant de la coordination et la construction d’installations à la création de structures de soutien pour des installations d'art et de lumière. À Bruxelles, il signe également des projets de scénographie, notamment pour le RESET ainsi que pour les événements de Nuits Sonores Brussels en 2023, hébergés dans des lieux tels que Reset, le C12 et Bozar. Fort de cette expérience dans les installations et scénographies temporaires, Stan Vrebos développe son projet constant, qui explore l’architecture éphémère à travers des matériaux loués et des connecteurs imprimés en 3D en PETG recyclable.
“J’ai toujours été captivé par les technologies de construction modulaires, mais j'ai constaté que peu d'acteurs du milieu en exploitent véritablement le potentiel.”
Stan Vrebos se décrit comme un créateur à la croisée de plusieurs disciplines — architecture, scénographie et design — avec une préoccupation constante pour la modularité. « J’ai toujours été captivé par les technologies de construction modulaires, mais j'ai constaté que peu d'acteurs du milieu en exploitent véritablement le potentiel. » Sa démarche va bien au-delà d’une simple utilisation fonctionnelle des systèmes modulaires : il s’attache à en repousser les limites à travers des expérimentations continues et des innovations audacieuses, notamment via ses connecteurs 3D, qu’il désigne comme des "hacks", et s’identifiant par extension et avec humour comme un hacker. Ce penchant pour les technologies avancées, associé à son côté geek assumé, se traduit dans sa capacité à intégrer des solutions novatrices, faisant de chaque structure temporaire un espace de recherche évolutif et une réflexion concrète sur les potentialités d’une architecture engagée en faveur d’un avenir durable. Dans le cadre du HORST Arts & Music Festival, cette approche se manifeste dans la conception de quatre scènes et des structures de communication visuelle. Dans ce contexte, Stan Vrebos a été chargé de fournir un soutien technique et de superviser la construction des designs réalisés par des bureaux d'architecture et des artistes de renom, tels que Leopold Banchini, Fala Atelier, Marc Leschelier et Brandlhuber. En supervisant ces installations, qui interagissent de manière dynamique avec le lieu et le public, Stan Vrebos illustre comment la scénographie, fondée sur des principes modulaires, transforme non seulement l'espace de l'événement, mais enrichit également l'expérience des participants. La spécificité de son projet réside dans l’utilisation de connecteurs personnalisés, localement produits et pensés pour interagir de manière flexible avec les matériaux de location.
À partir de matériaux de construction standards — échafaudages, trusses, entretoises loués — et de connecteurs imprimés en 3D en PETG recyclable, Stan Vrebos défie les conventions de l’architecture éphémère en offrant une structure capable de transformations et de réutilisations multiples. Concrétisée dans un projet dénommé Constant, sa pratique dépasse la simple construction éphémère pour s’imposer comme un manifeste écologique. Pourquoi constant ? Certainement car son projet, par sa nature intrinsèque, est en constante évolution. Reposant sur une structure modulaire capable de se métamorphoser, de s’adapter et de se réinventer à l’infini, constant dépasse le simple assemblage de pièces ; il incarne un langage architectural fluide et renouvelable, où chaque installation devient à la fois un acte de design et une prise de position contre le modèle linéaire de consommation unique.
Stan Vrebos aborde avec lucidité les défis économiques qui jalonnent son domaine, conscient de la complexité de la scénographie contemporaine et de ses enjeux. Il explique : « La scénographie, notamment dans la culture club, exige d’explorer des solutions ingénieuses pour concevoir des installations immersives et uniques, souvent avec des ressources distinctes de celles allouées au line-up. Ce contexte me pousse à tirer le meilleur parti de chaque matériau. » Cette réalité, loin de le freiner, l’encourage à s'engager dans une démarche de réemploi systématique, où rien ne doit se perdre et où chaque structure peut vivre plusieurs vies avant de devenir inutilisable. Les connecteurs qu'il développe sont conçus pour transcender le cycle de vie classique de la construction, tandis que sa préférence pour les matériaux récupérés, dénichés sur des chantiers ou chez des ferrailleurs, témoigne de son dévouement à une pratique architecturale éthique et durable qui privilégie durabilité et esthétique., En transformant ces contraintes en moteurs d’innovation, il propose une vision nouvelle de la scénographie, valorisant son potentiel créatif et écologique.
L'ambition de Stan Vrebos ne se limite pas à la seule production matérielle : le projet constant porte également une dimension sociale et pédagogique. En plus de sa portée commerciale, il propose un modèle accessible, rendant l’acte de bâtir à la portée de tous·tes, sans recourir à des outils complexes ou à des expertises intimidantes. Parallèlement, il organise des ateliers indépendants, notamment avec le collectif Temporary Pleasure, dans lesquels il explore la scénographie en lien avec des projets de mode et d’installations retail. À travers ces initiatives, chaque module conçu par Stan devient un outil de savoir-faire, invitant les participant·e·s à envisager une culture architecturale émancipée des contraintes traditionnelles, où le réemploi est célébré comme une démarche créative et engagée. Sa vision de la modularité transcende la technique et devient un vecteur de changement social, offrant une nouvelle manière de penser l’espace et les interactions humaines. Dans cette optique, la modularité n'est pas seulement un outil ; elle devient une finalité, redéfinissant l’histoire de l’architecture circulaire où chaque élément raconte un récit, faisant écho à des usages passés tout en préfigurant de nouveaux possibles.